Cette journée sera marquée, entres autres, par une série d’interviews qui sont passés à la télévision ce soir. Deux journalistes de la chaîne israélienne N12 se rendent régulièrement dans les différents hôpitaux du pays pour prendre des nouvelles des soldats blessés et aujourd’hui ils étaient à Tal Hashomer qui se trouve dans la banlieue de Tel-Aviv, l’un si ce n’est le meilleur hôpital du pays.

C’est un hôpital d’Etat aussi considéré comme un hôpital militaire. Ils ont le plus grand centre de rééducation et de recherche du pays. Ce centre a doublé de volume depuis le début de la guerre, il accueille la majorité des blessés graves en convalescence. Le service orthopédique, que je connais bien (pour y avoir séjourné moi-même il y a 5 ans), a été submergé par le nombre de patients présentants des blessures, plus compliquées les unes que les autres. Opérations après opérations, les médecins font tout leur possible pour sauver un membre, mais parfois garder une jambe trop endommagée est bien plus difficile à vivre que le placement d’une prothèse.

Aujourd’hui les deux journalistes étaient avec l’un des jeunes soldats blessés grièvement, Ari qui a tout juste 21 ans; ses grands yeux bleus attendrissants et son sourire timide, lui donne un air d’enfant, ce qu’il est encore aux yeux de ses parents… Littéralement un gamin, de part son âge et son parcours de vie, mais d’une si grande sagesse qu’il me fait penser à un ange, un être extra ordinaire qui réussit à survoler les épreuves les plus rudes par sa grandeur d’esprit. Son baccalauréat à peine finit, il s’est retrouvé en uniforme puis dans les mois qui ont suivi sur un champ de bataille. Il a perdu ses deux jambes et son bras droit il y a plus de 6 mois dans une explosion à Gaza et aujourd’hui bien droit sur ses prothèses, il marche à nouveau.

Il raconte les premiers instants de sa nouvelle vie; l’explosion ne lui fait pas perdre connaissance, il voit qu’il n’a plus de bras mais il ne réalise pas que ses jambes sont parties aussi. Il parle d’une douleur qui n’en est pas, il explique que la douleur n’est pas physique mais mentale, il n’ a pas mal aux jambes ni ou bras, les nerfs sont comme atrophiés mais la souffrance est dans la tête, la souffrance de savoir qu’une choses terrible vient de se produire et qu’il ne sera peut-être plus jamais le même.

Il est transporté en hélicoptère en urgence jusqu’à l’hôpital et immédiatement plongé dans un un coma artificiel le temps d’être soigné. A son réveil ses parents sont là, les docteurs aussi et déjà lucide il les questionne : “Alors que me reste-il?” Les docteurs commencent à expliquer: “Tu as perdu une jambe mais pas seulement..” il les arrête immédiatement: ” Ma tête ? est ce que ma tête va bien?” Un des docteurs lui répond que oui, ce à quoi il rétorque: “Alors ne m’en dîtes pas plus, si la tête va alors tout ira”. Ari n’est pas une exception, ils sont 1650 comme lui.

Les enfants d’Israël, au fil des siècles ont fait preuve d’une capacité à se relever après l’adversité qui tient du miracle.

ENGLISH

This day will be marked, among other things, by a series of interviews that were broadcast on television this evening. Two journalists from the Israeli channel N12 regularly visit the various hospitals in the country to get news of the wounded soldiers and today they were at Tal Hashomer which is located in the suburbs of Tel Aviv, one of, if not the best hospital in the country.

It is an hospital owned by the state also considered a military hospital. They have the largest rehabilitation and research center in the country. This center has doubled in size since the beginning of the war, it receives the majority of seriously injured convalescent patients. The orthopedic department, which I know well (having stayed there myself 5 years ago), has been overwhelmed by the number of patients with bad injuries, each more complicated than the other. Surgery after surgery, the doctors do everything they can to save a limb, but sometimes keeping a leg that is too damaged is much harder for the patient than the placement of a prosthesis.

Today the two journalists were with one young soldiers seriously injured, Ari who is just 21 years old; with his big, touching blue eyes and his shy smile, he looks like a child, which he still is somehow in the eyes of his parents… He is literally a kid, given his age and his life path, but of such great wisdom that he makes me think of an angel, an extraordinary being who manages to overcome the harshest trials through his greatness of spirit. He barely finished high school that he found himself in uniform and then in the months that followed on a battlefield. He lost both his legs and his right arm more than 6 months ago in an explosion in Gaza and today, standing upright on his prostheses, he walks again.

He recounts the first moments of his new life: the explosion does not make him lose consciousness, he can see that his right arm is gone but he does not realize that his legs are too. He talks about a pain that is not pain, he explains that the pain is not physical but mental, he does not have pain in his legs or arms, the nerves are like atrophied but the suffering is in his head, the suffering of knowing that something terrible has just happened and that he may never be the same again.

He is rushed by helicopter to the hospital and immediately put into an artificial coma while he is being treated. When he wakes up, his parents are there, the doctors too and already lucid he asks them: “So what do I have left?” The doctors start to explain: “You lost a leg but not only that..” he stops them immediately: “My head? Is my head okay?” One of the doctors tells him yes, to which he retorts: “Then don’t tell me more, if my head is okay then everything will be okay”. Ari is not an exception, there are 1650 like him.

The children of Israel, over the centuries, demonstrated a capacity to rise again after adversity that is nothing short of miraculous.