Le 11 septembre 2001 je vivais à New York. Quand nous nous y sommes installés un an plus tôt, nos connaissances, nos voisins, nos amis, vivant là-bas semblaient soulagés de savoir que nous quittions Israël à un moment où le pays connaissait une nouvelle vague d’attentats terroristes, déclenchée par la deuxième intifada, le deuxième soulèvement palestinien.
J’entendais très souvent des réflexions du genre :” Mais comment pouvez-vous vivre dans un pays comme ça..” Ces réflexions m’agaçaient car ce pays était pour moi le plus beau au monde et le plus sûre pour fonder une famille et élever des enfants, malgré des attentats occasionnels et malgré les difficultés économiques . J’étais convaincue que notre parenthèse américaine ne changerait pas mon point de vue et effectivement, cette parenthèse ne l’a pas changé et l’a même conforté.
Mon mari travaillait à Manhattan dans le centre financier, un petit trajet en metro de là où nous habitions. Ce mardi 11 sept, il quitte l’appartement comme à son habitude vers 8h30 du matin et la journée s’annonçait si belle et ensoleillée que je décidai aussi de sortir pour promener notre fille qui avait alors 1 an. Elle adorait ces promenades en poussette où le bruit des voitures et des camions la divertissait bien plus que les oiseaux et les chiens.
Vers 9h je rentre dans un supermarché faire des courses et lorsque nous en sortons, une bonne demie heure plus tard, le monde avait déjà changé. Il n’y avait plus de bruits de voiture ou de camions mais un silence assourdissant entrecoupé de sirènes de pompiers et d’ambulance. On pouvait distinguer au loin une énorme fumée noire et la vie semblait soudain s’être arrêtée, le temps était comme suspendu.
Je n’ai eu de nouvelles de mon mari que dans l’après midi; il était sain et sauf et durant toutes ces heures où j’espérais son retour j’imaginais le pire et j’ironisai sur le fait qu’il aura fallu que nous quittions Israël pour être victime d’un attentat, ici, à Manhattan. Par la suite plus personne ne nous a jamais dit: “ah mais vous n’avez pas peur d’aller vivre en Israël!..”
Le 11 septembre, aux US et à New York tout particulièrement, le sentiment qui prévalait était la sidération; nous étions tous dans un état de sidération. Et c’est également ce sentiment qui prévalait le 7 oct, à une difference près, l’état de sidération dans lequel nous avons été plongé le 7 oct a perduré bien après le 7 oct…, car nous n’avons pris conscience de l’ampleur de la catastrophe que progressivement, tous les jours un peu plus, semaines après semaines, au fur et à mesure que les témoignages et les images sont arrivées. Dans les deux cas, un scénario catastrophe que l’on avait jamais envisagé, car trop gros pour être pris au sérieux, s’est produit .
Et je pense que cela devrait être l’enseignement le plus important que l’on puisse tirer des ces événements, le mal n’a pas de limites. Tout comme concevoir des camps de la mort, des fours crématoires et des chambres à gaz pour tuer de manière systématique tous les juifs était inconcevable à l’époque où cela s’est produit, les événements du 11 sept 2002 et du 7 oct 2024 étaient inconcevables pour des esprits normaux. Ce qu’un esprit normal ne peut pas concevoir un esprit diabolique le peut. Le mal réussit toujours à dépasser les limites de l’entendement. Il est protéiforme et au fil des siècles il a appris à se glisser successivement dans différents habits, des costumes taillées sur mesure pour commettre l’impensable.
ENGLISH
On September 11, 2001, I was living in New York. When we moved there a year earlier, our acquaintances, our neighbors, our friends, living there seemed relieved to know that we were leaving Israel at a time when the country was experiencing a new wave of terrorist attacks, triggered by the second intifada, the second Palestinian uprising.
I very often heard comments like: “But how can you live in a country like that..” These comments irritated me because this country was for me the most beautiful in the world and the safest to start a family and raise children, despite occasional attacks and despite economic difficulties. I was convinced that our American interlude would not change my point of view and indeed, this interlude did not change it and even reinforced it.
My husband worked in Manhattan in the financial district, a short subway ride from where we lived. This Tuesday, September 11, he left the apartment as usual around 8:30 in the morning and the day was looking so beautiful and sunny that I also decided to go out for a walk with our daughter who was then 1 year old. She loved these stroller walks where the noise of cars and trucks entertained her much more than birds and dogs.
Around 9 am we entered a supermarket to do some shopping and when we came out, 40 minutes later, the world had already changed. There was no more noise from cars or trucks but a deafening silence punctuated by fire engine and ambulance sirens. We could see a huge black smoke in the distance and life suddenly seemed to have stopped, time was suspended.
I didn’t hear from my husband until the afternoon; he was safe and sound and during all those hours when I was hoping for his return I imagined the worst and I joked about the fact that we had to leave Israel to be the victim of an attack, here, in Manhattan. After nine eleven, no one ever said to us: “ah but you’re not afraid to go back and live in Israel!..”
On September 11, in the US and in New York in particular, the prevailing feeling was one of shock; we were all in a state of shock. And it was also this feeling that prevailed on October 7, with one difference, the state of shock in which we were plunged on October 7 lasted well after October 7…, because we only became aware of the extent of the catastrophe gradually, a little more every day, week after week, as the testimonies and images arrived. In both cases, a disaster scenario that had never been considered, because too big to be taken seriously, occurred.
I definitely think that this should be the most important lesson that can be learned from these events, evil has no limits. Just as designing death camps, crematoria and gas chambers in order to kill all Jews was inconceivable at the time it happened, the events of September 11, 2002 and October 7, 2024 were inconceivable to normal minds. What a normal mind cannot conceive, a diabolical mind can. Evil always manages to surpass the limits of understanding. It is protean and over the centuries it has learned to slip successively into different clothes, tailor-made costumes to commit the unthinkable.
Continue ma belle ne lâche pas !!!
Bravo je t’aime cousine❤️❤️❤️❤️❤️
Continue ma belle ne lâche pas !!!
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