Hier soir 3 nouveaux corps d’otages ont été récupérés par l’armée et ramenés en Israël. Cette opération de sauvetage a eu lieu à Djaballiah, une ville au nord de la bande de Gaza. Je me demande si l’unité de ma fille a eu quelques choses à voir avec cela. Elle était très occupée toute la semaine et elle ne pas pourra pas non plus sortir cette fin de semaine. Finalement j’ai pu lui parler ce matin, elle nous a demandé de passer la voir, elle se trouve dans une localité proche de Gaza.
Je n’étais pas en très grande forme mais j’ai quand même décidé de m’y rendre, ce genre d’invitation ne se refuse pas. Quel petit pays, moins de deux heures de route et nous sommes déjà pratiquement à la frontière Nord de Gaza. Ma fille se veut rassurante, il n’y a pas eu d’alertes depuis qu’elle est arrivée là-bas. Le danger ce ne sont pas les alertes mais le manque de temps pour se rendre dans les abris, moins de 8 secondes.
On décide de se promener un peu avec son chien, l’endroit est résidentiel avec de belles petites maisons mais on ne croise absolument personne, c’est un village fantôme. Il y a des abris publics à tout les coins de rue. On s’assoit sur le gazon près d’un parc d”enfant et face à nous un très grand abri décoré de beaux dessins d’animaux, afin de donner aux enfants envie d’y faire un tour si nécessaire….
Une petite heure à discuter et son chien s’impatiente, alors nous décidons de rentrer. Nous les ramenons à l’endroit où ils séjournent. Une petite maison avec 2 chambres. Elle et une autre fille de son unité partagent une petite chambre avec leur chien, son labrador dressé à rechercher des cadavres et un berger belge dressé à retrouver des personnes vivantes. L’autre chambre est beaucoup plus bondée, pas de place pour des lits, juste des matelas au sol pour les soldats de l’unité de secours et de sauvetage.
Avec le sourire elles nous disent qu’elles adorent le labrador mais qu’elles préfèrent que ce soit le berger qui bosse car cela signifie qu’il y a des survivants. Elles nous expliquent ensuite qu’en pratique les deux travaillent tout le temps mais pas au même moment. S’il y a une destruction de bâtiment le premier à arriver sur place sera le chien qui recherchent les vivants, ensuite les équipes de secours et finalement le labrador… Pour les morts.
Le labrador est très attaché à sa maîtresse ma fille, il ne la quitte jamais, sa laisse est attachée à la ceinture de son pantalon pour qu’elle puisse garder les mains libres. Il est le seul chien de l’unité qui a le droit d’être sans muselière. Je suis autorisée à lui faire un gros câlin. Je lui tapote gentiment la tête et à l’oreille je lui demande doucement de faire très attention à ma fille.
ENGLISH
Yesterday evening 3 new bodies of hostages were recovered by the army and brought back to Israel. This rescue operation took place in Djaballiah, a town in the north of the Gaza Strip. I wonder if my daughter’s unit had anything to do with it. She was very busy all week and she won’t be able to go out this weekend either. Finally I was able to speak to her this morning, as usual she didn’t say anything but she asked us to come see her, she is in a town near Gaza.
I wasn’t in great shape, but I still decided to go there, this kind of invitation cannot be refused. What a small country, less than two hours drive and we are already practically on the northern border of Gaza. My daughter wants to be reassuring, there have been no alerts since she arrived there. The danger is not the alerts but the lack of time to get to the shelters, less than 8 seconds.
We decide to walk a little with our dog, the place is residential with pretty houses but we don’t come across absolutely anyone, it’s a ghost village. There are public shelters on every street corner. We sit on the grass near a children’s playground and in front of us is a very large shelter decorated with beautiful animal drawings, to make the children want to take a look inside if necessary….
An hour of chatting and her dog gets impatient, so we decide to head back home. We take them back to the place where they stay. A small house with 2 bedrooms. She and another girl from her unit share a small room with their dog, a labrador trained to find corpses and a Belgian shepherd trained to find living people. The other bedroom is much more crowded no room for beds just mattresses on the floor for the soldiers from a relief and rescue unit.
With a smile they tell us that they love the labrador but that they prefer that it is the shepherd who works because that means that there are survivors. Then they explain to us that in practice both work all the time but not at the same time. If there is a destruction of a building the first to arrive on site will be the dog searching for the living, then the rescue teams and finally the labrador… For the dead.
The labrador is very attached to his handler my daughter, he never leaves her, his leash is attached to the belt of her pants so that she can keep her hands free. He is the only dog in the unit that is allowed to be without a muzzle. I’m allowed to give him a big hug. I gently pat his head and in his ear I gently ask him to protect my daughter.