Les maisons de Nir OZ

Mon post d’aujourd’hui aurait pu s’appeler “voir Nir OZ et pleurer”, mais les maisons de Nir Oz ne pleurent pas, les maisons de NirOZ sont en colère, alors elles seront le titre de ce récit. Les maisons de Nir Oz m’ont parlée, elles m’ont invitée chez elle. Dans leur intérieurs détruits, elles m’ont raconté l’horreur et elles m’ont demandé de l’écrire. Elles m’ont aussi présenté leur famille. Les familles de Nir Oz nous les connaissons déjà, elles nous sont familières, on les a vu à la télé, on a vu leur photo, on en a entendu leur effroi. L’histoire de chacune d’elles nous a touchés, nous a émus, on a pleuré avec elles et on pleure encore…

Nir Oz est une petite communauté d’environ 400 habitants, un kibboutz fondé en octobre 1955. Tout le monde n’est pas n’est pas fait pour vivre en Kibboutz, pour s’y plaire il faut aimer les autres et la simplicité mais pour vivre au kibboutz Nir Oz, à moins de 7 km de la frontière avec Gaza, il faut également une bonne couche de courage et de confiance en la nature humaine. A Nir Oz, l’activité principale est agricole. On y fait pousser des pommes de terre et aussi des asperges, pour l’exportation et il faut être prêt à faire les récoltes la nuit, pour ne pas être la cible vivante de tireurs palestiniens postés derrière la frontière.

Situé au sud le long de la bande de Gaza. Nir Oz a été frappé de plein fouet par les attaques du 7 octobre. Ses habitants se sont réveillés dans une réalité qu’ils n’auraient jamais imaginée, même dans leur pire cauchemar. Leur voisins de derrière la frontière, qu’ils s’obstinaient à ne pas vouloir diaboliser, des voisins qu’ils n’ont jamais voulu considérer comme des ennemis mais comme des gens incompris, mal aimés et qu’ils avaient envie de transformer en partenaires pour un meilleur développement environnemental.. Ce 7 oct ces voisins se sont avérés être des monstres sans pitié, qui ont kidnappés près de 80 membres du Kibboutz et tué près de 40, hommes, femmes et enfants confondus.

Ce qui choque le plus en arrivant à Nir Oz c’est le calme et la pastoralité de l’endroit, comme dans tous les kibboutz qui ont été touchés d’ailleurs, des petit village tranquilles, des petits coins de paradis qui contrastent avec le chaos et la violence qui gouvernent Gaza. On s’avance dans ce village désormais bien vide et l’on voit des traces des horreurs qui ont été commises à chaque pas que l’on fait. On avance avec délicatesse, comme si nous marchions sur des œufs; et en silence comme si nous avions peur de déranger, comme si nous avions peur de brusquer ces pauvres âmes  qui ont quitté ce monde de la manière la plus horrible qu’il soit.

Le sang séché au sol, a laissé sur le béton des énormes tâches sombres qui ne trompent personne, se sont des empruntes indélébiles, de l’agonie de ceux qui ont perdu la vie en se vidant de leur sang. Les petites maisons pointent leur nez à l’horizon. Des maisons blessées, certaines ont été amputées d’un toit ou d’un mur, d’autres ont été mutilées ou brûlées, partiellement ou entièrement mais toutes ont été violées et humiliées. Les maisons restées ouvertes nous invitent à voir ce qu’elles ont subi et nous demandent d’être le témoin de leur souffrance; elles nous demandent d’être la voix de ceux qui l’ont perdue, ceux qui rendaient ces maisons vivantes et qui ont été arrachés de leur foyer dans la plus grande violence et cruauté.

Pour les maisons qui n’ont pas brûlé, on y entre, comme on entre dans la vie des familles au moment où la mort s’est invitée chez elle. Ce sont des instants de vie, figés à tout jamais. On y voit du linge qui était juste sorti de la machine et prêt à être étendu, des tables dressées pour le petit déjeuner et le chaos des balles au sol des vitres brisées et des tâches de sang.

Les familles survivantes ont pu retourner pour celles qui le souhaitaient, afin de récupérer des affaires ou pour se recueillir. Très peu ont eu le courage de le faire et ont préféré laisser les choses en l’état. Celles qui sont venues voir…ont accroché sur la porte d’entrée des maisons de ceux qui ont été assassinés ou pris en otages, leur portraits. De cette manière les maisons ont à nouveau un visage. Ces visages on les reconnait, car on les connait même sans les connaitre et notre estomac se noue encore plus.

On arrive devant la maison de la famille Bibas, on voit leurs photos sur la porte, la petite bouille ronde de Kfir, le visage angélique de son frère Ariel et leurs parents Yarden et Shiri, heureux et souriants, des sourires si incrédules quand on connait la suite des événements. Notre cœur se serre, une colère sourde nous envahit, la réalité est si monstrueuse que l’on ne sait plus quoi dire. Et l’on passe de maisons en maisons, on quitte bouleversé le malheur d’une famille pour pénétrer dans le malheur d’une autre.

On quitte Nir Oz désemparé, on quitte Nir Oz renversé, on quitte Nir Oz choqué mais surtout on quitte Nir Oz convaincu que le peuple juif aura toujours besoin d’Israël pour exister et qu’Israël devra toujours rester fort et uni pour survivre. Etre le peuple élu à un prix, celui de ne pas avoir le droit à l’erreur. On l’a parfois oublié et le 7 octobre nous l’a rappelé, de la manière la plus cruelle qu’il soit.

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The houses of Nir OZ .

My post today could have been called “see Nir OZ and cry”, but the houses of Nir Oz do not cry, the houses of NirOZ are angry, so they will be the title of this story. The houses of Nir Oz spoke to me, they invited me inside. In their destroyed interiors, they told me about the horror and asked me to write it down. They also introduced me to their family. We already know the families of Nir Oz, they are familiar to us, we have seen them on TV, we have seen their photos, we have heard their fear. The story of each of them touched us, moved us, we cried with them and we still cry…

Nir Oz is a small community of around 400 inhabitants, a kibbutz founded in October 1955. Not everyone is made to live in a Kibbutz, to enjoy this type of living, you have to love others and simplicity but to live on Kibbutz Nir Oz, less than 7 km from the border with Gaza, you also need a good layer of courage and faith in human nature. In Nir Oz, the main activity is agricultural. Potatoes and also asparagus are grown there for export and you have to be prepared to harvest at night, so as not to be the living target of Palestinian shooters posted behind the border.

Located south, along the Gaza Strip, Nir Oz was hit hard by the attacks of October 7. Its inhabitants woke up to a reality they never imagined, even in their worst nightmare. Their neighbors behind the border, whom they stubbornly refused to demonize, neighbors whom they never wanted to consider as enemies but as misunderstood, unloved people who they wanted to transform into partners for better environmental development.. this October 7 these neighbors turned out to be merciless monsters, who kidnapped nearly 80 members of the Kibbutz and killed nearly 40, men, women and children all together.

What shocks the most when arriving in Nir Oz is the calm and pastorality of the place, as in all the kibbutz which have been affected elsewhere, small quiet villages, little paradise which contrast with the chaos and violence that govern Gaza. We walk into this now very empty village and we see traces of the horrors that were committed with every step we take. We move forward delicately, as if we were walking on eggshells; and in silence as if we were afraid of disturbing, as if we were afraid of rushing these poor souls  who left this world in the most horrible way possible.

The dried blood on the ground left enormous dark stains on the concrete which deceive no one, they are indelible imprints, of the agony of those who lost their lives while bleeding to death. Small houses peek out onto the horizon. Houses were injured, some had a roof or wall missing, others were mutilated or burned, partially or entirely, but all were violated and humiliated. The houses that remain open invite us to see their suffering and ask us to be witnesses to their calvary; they ask us to be the voice of those who made these homes come alive and who were torn from their homes with the greatest violence, with the greatest cruelty.

We enter the houses that did not burn as we enter the lives of families at the exact moment when death invited itself into their home. These are moments of life frozen forever. We see laundry that was just taken out of the washing machine and ready to hang, tables set for breakfast and the chaos of bullets on the ground, broken windows and bloodstains everywhere.

The surviving families were able to return for those who wished, to collect belongings or to pray. Very few had the courage to do so and preferred to leave things as they were. Those who came.. hung, the portraits on the front door of the houses of those who were murdered or taken hostage. That way the houses have a face again. We recognize these faces, because we know them even without knowing them and our stomach knots even more.

We arrive in front of the Bibas family house, we see their photos on the door, Kfir’s little round face, the angelic face of his brother Ariel and their parents Yarden and Shiri, happy and smiling, such incredulous smiles when we know the following of the events. Our heart sinks, a dull anger invades us, the reality is so monstrous that we no longer know what to say. And we go from house to house, we leave the misfortune of one family to enter into the misfortune of another.

We leave Nir Oz distraught, we leave Nir Oz upset, we leave Nir Oz shocked but above all we leave Nir Oz convinced that the Jewish people will always need Israel to exist and that Israel will always have to remain strong and united to survive. Being the chosen people comes at a price, that of not having the right to make mistakes. We have sometimes forgotten this and October 7 reminded us of it, in the cruelest way possible.