Ce post est décousu car mon esprit est confus. Hier soir de fête, nous avions du monde à dîner. Je n’avais envie de rien faire mais je me suis forcée. Il faut se forcer et continuer à célébrer la vie par respect pour ceux qui ont perdu la leur . Cela parait simple à faire  et à dire mais cela ne l’est pas. Quand la tristesse est trop grande cela demande beaucoup d’effort.

Tout ce qui concerne des tâches non essentielles demande plus d’effort. Je vis dans un pavillon avec jardin et depuis le début de la guerre je n’ai plus eu le coeur à m’en occuper; je l’ai délaissé… mais je vais m’y remettre car travailler la terre fait partie de ces petits efforts qui nous rattachent à la vie.

Ma famille est dispersée, mon mari qui travaille à l’étranger ne pourra pas venir nous rendre visite en raison de l’annulation des vols vers Israël. Ma fille aînée est en Italie pour ses études; mes deux du milieu sont à l’armée et je n’ai plus que la dernière avec moi à la maison et je me demande souvent ce qu’elle pense et ce que cela fait d’être adolescente dans un un pays en guerre. Une guerre cruelle et dificile qui dure depuis près d’un an. 

Cet après-midi j’ai eu l’autorisation d’aller rendre visite à l’une de les filles postées au Nord. Pour des raisons de pure sécurité je ne peux pas donner ni le nom de l’endroit où elle se trouve ni leur nombres. 

Au début de la guerre lorsqu’elle était postée dans le Sud, prês de la frontière, je craignais les alertes sur la route pour aller la voir et bien maintenant qu’elle n’est plus au Sud mais au Nord, on craint à nouveau les alertes, cette fois-ci venues du Liban. J’ai dû télécharger sur mon téléphone (car je l’avais enlevée) l’application qui nous permet de savoir où les roquettes tombent. 

L’inconvenient de voyager vers le Nord est que les GPS ne fonctionnent pas toujours, il faut être certain de connaître la route à prendre avant de partir. J’ai retrouvé ma fille à un emplacement facile à localiser une chance, elle était bien; forcement un peu triste comment pourrait-elle ne pas l’être.

La mort des jeunes soldats qui ont son âge la touche tout particulièrement. On est resté un bon moment avec elle, j’ai aussi discuté avec d’autres soldats qui étaient sur place dont un réserviste jeune papa de deux enfants, une petite fille de 3 ans et un petit garçon d’un an et demi. Il me disait que son dernier, il ne la presque pas vu grandir car il est mobilisé depuis le 7octobre. 

C’est une réalité cinglante qui claque comme une gifle en pleine figure. Combien de vies bouleversées, combien de destins brisés. Nous sommes encore loin de mesurer la grandeur du traumatisme subit. Nous ne sommes qu’au commencement d’un processus qui va durer très longtemps. La plaie du 7oct, toujours ouverte et douloureuse, saigne encore dans le coeur de nous tous.