Qui est Sinwar? Sinwar est né à Khan Yunes, il y a 62 ans. Il est surnommé, le boucher de Khan Yunes car il égorge lui-même ses opposants ou tout personne qu’il soupçonne, quand cela l’arrange, de travailler avec Israël. C’est de cette manière qu’il a commencé sa carrière au sein du Hamas, en travaillant auprès du Sheih El Yassin qui était le fondateur de ce mouvement islamiste. Sinwar avait pour responsabilité de trouver et d’assassiner les “collaborateurs avec l’entité sioniste”. Il a créa pour cela une unité spéciale dont il s’auto proclamera chef. A l’âge de 27ans, il reconnait en avoir déjà égorgé au moins 12 ( tués entres 1987 et 1989).
La première fois qu’il arrive dans une prison israélienne, c’est en 1989 et ce n’est pas pour avoir tué des juifs mais des palestiniens. Il arrive le visage brûlé par un explosif qu’il avait mal manipulé et il sera bien soigné. Il est très religieux, très croyant, il connait le Coran par coeur qu’il entend pratiquer de manière littérale. En prison, c’est une femme inspecteur qui sera envoyée pour l’interroger. Elle conduira avec lui un dialogue qui durera deux décennies. Sinwar connait la société israélienne aussi bien qu’Israël le connait. Tous ses interrogatoires sont transcris et enregistrés.
Son interrogatrice lui demandera à plusieurs reprises pour quoi il ne s’est pas marié il lui répondra la même réponse qu’Arafat avait donné en son temps, “la palestine est plus importante qu’une femme”. Il a aujourd’hui 9 enfants et ils pensent que ce n’est pas assez, il explique: “3 seront tués par Israël, 3 iront en prison, ils m’en restent 3 ce n’est pas assez”. Il est très rationnel, il a sa propre logique et surtout il est visionnaire. Il a une vision pour l’avenir de son peuple, il n’est pas dans “l’immédiat”, il sait être patient et il pense que le temps joue pour lui. Cependant il n’est pas seul à prendre les décisions, ils sont plusieurs autour de lui à convaincre.
Toutes les personnes qui l’ont interrogé décrivent un homme froid, sans coeur qui peut décrire des assassinats sans montrer aucune émotion, comme une fois où il raconta avoir demander au frère de quelqu’un soupçonné de collaboration avec Israël de l’aider à obtenir des aveux. Il lui ordonna de faire un trou dans la terre pour forcer son frère à s’y allonger et de jeter de la terre sur lui jusqu’a ce qu’il avoue, le pauvre mourra enterré vivant sans jamais avoir avoué.
Il raconte un autre évènement similaire où il banda les yeux d’un Palestinien, nommé Ramsi sur lequel il avait des soupçons, pour le conduire dans une zone où se trouvait une tombe fraîchement creusée. Là, il l’étrangla avec un foulard (keffieh), symbole de la cause palestinienne. “Après l’avoir étranglé, je l’ai enveloppé dans un linceul blanc et j’ai fermé la tombe”, “J’étais sûr que Ramsi savait qu’il méritait de mourir pour ce qu’il avait fait.” déclara-t-il dans ses aveux. Un inspecteur lui demanda un jour: “Si tu étais israélien et tu entendais que le Hamas a gagné les elections, serais-tu inquiet?”” très inquiet” répondit-il.
Sinwar s’est construit et formé en prison. Il y a étudié, il a appris l’hébreu, qu’il parle très bien, il est même interviewait en hébreu par des journalistes. Il a surtout appris à comprendre la société israélienne, il en connait ses forces et ses faiblesses. Il n’aurait pas fait ce long séjour en prison, de plus de 20ans, il serait sûrement mort aujourd’hui. En 2008, il se plaint beaucoup de sa tête, de ses yeux et on lui découvre une tumeur au cerveau très agressive, il sera opéré avec succès. De retour en prison l’inspectrice se souvient lui dire: “Tu vois on n’est pas si mauvais que ça, on t’a sauvé la vie”, il répondra cyniquement: “c’est votre travail de sauver des vies”.
En prison Sinwar devient une personnalité incontournable, c’est le chef, c’est lui qui négocie au nom de tous les prisonniers palestiniens, devant le personnel pénitencier. Il y a plusieurs facettes à son visage. Tous les prisonniers ont peur de lui et ceux qui voudraient s’opposer à son autorité, seront torturés au sein même de la prison par ses hommes de mains; ceux qui ne seront pas torturés, il s’assurera qu’ils ne figurent pas sur la liste des prisonniers à libérer en échange du soldat israélien Gilad Shallith. Car Sinwar sera une pièce centrale lors de ces négociations qui dureront des mois. C’est lui qui donnera les noms des prisonniers à libérer dont le sien.
L’ancien directeur de la prison explique: “Sinwar pense que ce qu’Israël considère comme sa force, le fait que la plupart des Israéliens servent dans l’armée et que les soldats ont un statut spécial dans la société, est une faiblesse qui peut être exploitée…”. Et l’idée s’avérera exacte lorsqu’il sera libéré en 2011, avec 1 027 autres prisonniers contre un seul soldat israélien. Aujourd’hui il pense pouvoir faire de même et obtenir en plus un cessez-le-feu permanent. Après 20 ans, emprisonné en Israël, il pense connaître son ennemi et il va théoriser “les otages” comme arme de guerre.
Il sait qu’Israël est plus fort militairement, il espère donc gagner sur un autre terrain, en menant une guerre psychologique. S’il coupe volontairement toutes communications pendant des jours, c’est pour faire pression sur Israël et faire monter la tension. Les derniers otages ont été libérés en plusieurs fois, justement pour créer un sentiment d’anxiété continuel dans la société israélienne. Mais il ne connaît pas Israël aussi bien que ça. Il pensait la société israélienne divisée, nous ne le sommes pas. Il pensait que l’armée n’envahirait pas Gaza et nous y voila. Maintenant sa stratégie consiste à gagner du temps. Il est têtu et patient, il faut que nous le soyons aussi.
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Who is Sinwar? Sinwar was born in Khan Yunes 62 years ago. He is nicknamed the butcher of Khan Yunes because he himself slaughters his opponents or anyone he suspects, when it suits him, of working with Israel. This is how he began his career within Hamas, working with Sheih El Yassin who was the founder of this Islamist movement. Sinwar was responsible for finding and assassinating “collaborators with the Zionist entity.” For this he created a special unit of which he proclaimed himself leader. At the age of 27, he admits to having already slit the throats of at least 12 (killed between 1987 and 1989).
The first time he arrived in an Israeli prison was in 1989 and it was not for killing Jews but Palestinians. He arrives with his face burned by an explosive that he mishandled . He is very religious, he knows the Koran by heart which he intends to practice literally. In prison, a female inspector will be sent to question him. She will conduct a dialogue with him that will last two decades. Sinwar knows Israeli society as well as Israel knows him. All his interrogations are transcribed and recorded.
His interrogator will ask him several times why he did not get married. He will give her the same answer that Arafat gave in his time, “Palestine is more important than a woman.” Now he has 9 children and he wants more, he explains: “3 will be killed by Israel, 3 will go to prison, I have 3 left, it’s not enough.” He is very rational, he has his own logic and above all he is visionary. He has a vision for the future of his people, he is not in the “immediate”, he knows how to be patient and he thinks that time is on his side. However, he is not alone in making decisions, there are several around him who need to be convinced.
Everyone who interviewed him described a cold, heartless man who could describe assassinations without showing any emotion, such as once when he described asking the brother of someone suspected of collaborating with Israel to help him obtain confessions. He ordered him to make a hole in the ground to force his brother to lie there and to throw earth on him until he confessed, the poor man would die buried alive without ever having confessed.
He recounts another similar event where he blindfolded a Palestinian, named Ramsi, about whom he had suspicions, to lead him to an area where there was a new dug grave. There, he strangled him with a scarf (keffiyeh), symbol of the Palestinian cause. “After strangling him, I wrapped him in a white shroud and closed the grave,” “I was sure Ramsi knew he deserved to die for what he had done.” He declared in his confession. An inspector once asked him: “If you were Israeli and you heard that Hamas won the elections, would you be worried?” “Very worried,” he replied.
Sinwar was built and trained in Israeli prison. He studied there, he learned Hebrew, which he speaks very well, he was even interviewed in Hebrew by journalists. Above all, he learned to understand Israeli society, he knows its strengths and weaknesses. If he had not spent this long stay in prison, more than 20 years, he would surely have died today. In 2008, he complained a lot about his head and his eyes and was discovered to have a very aggressive brain tumor; he had surgery, it saved his life. Back in prison the inspector remembers telling him: “You see we’re not that bad, we saved your life”, he replied cynically: “it’s your job to save lives”.
In prison Sinwar becomes an essential personality, he is the leader, he is the one who negotiates on behalf of all the Palestinian prisoners, in front of the prison staff. All the prisoners are afraid of him and those who would like to oppose his authority will be tortured within the prison itself by his henchmen; those who will not be tortured, he will ensure that they are not on the list of prisoners to be released in exchange for Israeli soldier Gilad Shallith. Because Sinwar will be a central piece during these negotiations which will last months. He will be the one who will give the names of the prisoners to be released, including his own.
The former prison director explains: “Sinwar believes that what Israel considers its strength, the fact that most Israelis serve in the army and that soldiers have a special status in society, is a weakness that can be exploited…”. And the idea would prove correct when he was released in 2011, along with 1,027 other prisoners against a single Israeli soldier. Today he thinks he can do the same and also obtain a permanent ceasefire. After 20 years, imprisoned in Israel, he thinks he knows his enemy and he will theorize “hostages” as a weapon of war.
He knows that Israel is stronger militarily, so he hopes to win on another ground, by waging psychological warfare. Doing the negotiations, if he voluntarily cuts off all communications for days, it is to put pressure on Israel and increase tension. The last hostages were released in several days, precisely to create a feeling of continued anxiety in Israeli society. But he doesn’t know Israel that well. He thought Israeli society will be divided, we are not. He thought the army wouldn’t invade Gaza and here we are. Now his strategy is to buy time. He is stubborn and patient, we must be the same.