Les nouvelles ce soir sont mauvaises. Etant donné que je ne peux pas encore en parler et que je n’ai pas le cœur à écrire, j’ai décidé de vous retranscrire ici un message poignant qui ces derniers jours a profondément touché la société israélienne. C’est la lettre ouverte d’un père endeuillé. David Fisch a perdu son fils, Eitan, tombé au combat à Gaza le 4 décembre dernier. Face aux manifestations et aux vives discussions concernant les négociations relatives à la libération des otages, il a tenu à exprimer son profond sentiment.

”L’appel sourd des otages touche et brise le coeur de chaque Juif. Je ne connais personne qui soit indifférent à la souffrance de ces familles. Ce drame absolu a touché le coeur de chaque Juif où qu’il se trouve, au sud, au nord et dans le monde entier.Nous devons les ramener à la maison, sains et saufs, et vite. Et le prix sera cher. Nous avons déjà payé une avance douloureuse, moi aussi personnellement. Notre fils, le capitaine Eitan Fisch, est tombé avec deux autres soldats dans un combat à Shuja’iyya.

Quelques heures après sa mort, nous avons trouvé, par hasard, un dessin qu’il avait fait qui montrait un soldat tenant un enfant par la main et l’emmenant vers un tank. Ce dessin est arrivé, je ne sais comment, sur les réseaux sociaux sous le titre ”un soldat libère un otage”. Et en effet, c’est dans cet esprit qu’Eitan est parti au combat, c’est pour cela qu’il a donné sa vie. Des soldats nous ont raconté qu’un jour où il sécurisait un convoi de citoyens gazaouis qui quittaient le nord de la Bande de Gaza pour se diriger vers le sud, Eitan a scruté tous les visages pendant des heures dans l’espoir d’y reconnaitre des otages, dont deux de ses amis font partie”.

David Fisch poursuit: ”Je vous en supplie, ne criez pas que vous acceptez ”n’importe quel prix”. N’y a-t-il aucune valeur nationale supérieure à celle de sauver et de ramener les otages ”maintenant”? Nous avons subi un drame le 7 octobre. Plus de 1000 Juifs ont été assassinés et massacrés, des centaines de Juifs ont été kidnappés, des centaines de soldats et de citoyens venus au secours de leurs frères ont été tués au combat, des centaines de milliers de personnes ont été évacuées de leur maison sous la menace d’incursions de terroristes et de roquettes. L’honneur national a été piétiné.

En essayant de limiter le drame de nos chers otages, prenons garde à ne pas entrainer nous-mêmes la prochaine catastrophe qui sera encore plus terrible. Je tremble uniquement à l’idée d’une réalité où des milliers de terroristes assassins avec une grande expérience et une grande motivation pour tuer, ceux qui ont été arrêtés et jugés à des peines à perpétuité, seraient libres, la tête haute, avec le sourire diabolique de vainqueurs.

Sans aucun doute, la grande majorité va essayer et même réussir à assassiner d’autre gens. Beaucoup plus que le nombre d’otages. Mais ces victimes-là n’ont pas encore de noms, ni de visages et peuvent être chacun et chacune d’entre nous. Ces mêmes assassins n’auront plus peur d’être arrêtés à nouveau, ils donneront des idées à d’autres assassins potentiels qui ne craindront pas la punition puisque leurs amis kidnapperont des enfants, une jeune femme ou un vieil homme pour obtenir leur libération. Et là, la vie des habitants de ce pays deviendra un enfer par crainte des enlèvements, à chaque voyage ou promenade.

Et nous avons une expérience amère. Par exemple, l’assassin de Barouh Mizrahi, la veille de Pessah en 2014, était l’un des mille terroristes libérés par l’accord Shalit. Un autre est Yahya Sinouar qui a organisé la catastrophe qui s’est abattue sur nous. Et que faire de l’honneur national? Pas un honneur méprisable de machistes qui fanfaronnent, ou un honneur feint d’une victoire d’un sportif ou d’un chanteur.

Cet honneur pour lequel se sont battus les héros des Maccabim contre les Grecs, les résistants du ghetto de Varsovie, les fondateurs de l’Etat, qui ont donné leur vie pour que chaque Juif puisse vivre en Eretz Israël et y faire grandir ses enfants dans le respect et la sécurité. L’honneur national, les otages et la sécurité ne reviendront que si nous vainquons l’ennemi cruel. La victoire passe par la capitulation de l’ennemi. Pas par des négociations. Un ennemi qui capitule se rend ou est éliminé. Il ne mène pas des négociations. L’Allemagne nazie a capitulé face aux Alliés à la fin de la guerre, elle n’a pas mené de négociations.

Je m’adresse à nos dirigeants, c’est le moment pour vous de faire preuve de courage. Le peuple d’Israël est derrière vous, l’armée est devant vous prête à exécuter les ordres. N’arrêtez pas avant la victoire totale et sans équivoque. Nos soldats font preuve d’un héroïsme extraordinaire face au Hamas, vous devez être solide face au monde, face à des dirigeants hostiles qui font preuve d’une moralité hypocrite et face à ceux qui se définissent comme nos amis, une amitié réelle ou feinte.

Il ne faut pas les laisser nous imposer de faire entrer de l’essence et dans la Bande de Gaza et ainsi d’éloigner la victoire militaire, en faisant une différence fallacieuse entre les terroristes et les ”innocents”. Il n’y a presque pas de citoyens ”innocents” là-bas. Les soldats ont raconté que dans toutes les maisons où ils sont entrés, ils ont trouvé des armes, des bombes, des grenades entre les jouets des enfants, sous les lits de bébés. Dans les livres sur les étagères, on leur apprend à tuer des Juifs et à louer les assassins.

La douleur d’un parent pour son fils otage aux mains de geôliers cruels qui peut-être le torturent, la douleur d’un parent qui est déchiré par le manque et qui ne sait pas si son fils reviendra, s’il le reverra un jour, est énorme. Je ne peux pas vraiment la connaitre, je ne peux que l’imaginer.

Moi, je connais la douleur d’un père dont le coeur est brisé par le manque et qui sait avec certitude qu’il ne reverra jamais son fils. Je ne sais quelle douleur est la plus difficile mais le fossé n’est pas grand. Que ne donnerais-je pas pour ramener mon fils Eitan à la vie? Je donnerais tout ce que je possède. Je donnerais ma vie contre la sienne. Mais il y a une chose que je ne serais pas prêt à donner pour ramener mon Eitan adoré à la vie: c’est la vie d’un autre Juif”. David Fisch

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The news tonight is bad. Since I can’t talk about it yet and I don’t have the heart to write either, I decided to transcribe here a poignant message which touched a lot the Israeli society and myself these last days. It is an open letter from a grieving father. David Fisch lost his son, Eitan, who fell in combat in Gaza on December 4. Faced with the demonstrations and the heated discussions concerning the negotiations relating to the release of the hostages, he wanted to express his deep feelings.

“The situation of the hostages touches and breaks the heart of every Jew. I don’t know anyone who is indifferent to the suffering of these families. This absolute tragedy has touched the hearts of every Jew everywhere, in the South, in the North and around the world. We must bring them home, safe and sound, and quickly. And the price will be expensive. We have already paid a painful advance, me personally too. Our son, Captain Eitan Fisch, fell with two other soldiers in a fight in Shuja’iyya.

A few hours after his death, we found, by chance, a drawing he had made which showed a soldier holding a child by the hand and leading him towards a tank. This drawing arrived, I don’t know how, on social networks under the title “a soldier frees a hostage”. And indeed, it is in this spirit that Eitan went into battle, it is for this that he gave his life. Soldiers told us that one day while securing a convoy of Gazan citizens leaving the northern Gaza Strip to head south, Eitan scanned everyone’s faces for hours, hoping to recognize them. hostages, including two of his friends.”

David Fisch continues: “I beg you, do not shout that you will accept “any price”. Is there no national value greater than rescuing and returning the hostages “now”? We suffered a tragedy on October 7. More than 1,000 Jews were murdered and massacred, hundreds of Jews were kidnapped, hundreds of soldiers and citizens who came to the aid of their brothers were killed in battle, hundreds of thousands of people were evacuated from their homes under the threat of terrorist and rocket incursions. National honor has been trampled.

By trying to limit the tragedy of our dear hostages, let us be careful not to cause the next catastrophe ourselves which will be even more terrible. I only tremble at the idea of a reality where thousands of terrorist assassins with great experience and great motivation to kill, those who were arrested and tried with life sentences, would be free, with their heads held high, with devilish smile of winners.

Without a doubt, the vast majority will try and even succeed in murdering other people. Much more than the number of hostages. But these victims do not yet have names or faces and could be each and every one of us. These same assassins will no longer be afraid of being arrested again, they will give ideas to other potential assassins who will not fear punishment since their friends will kidnap children, a young woman or an old man to obtain their release. And there, the lives of the inhabitants of this country will become hell for fear of kidnappings, on every trip or walk.

And we have a bitter experience. For example, the assassin of Barouh Mizrahi, on the eve of Passover in 2014, was one of the thousand terrorists released by the Shalit agreement. Another is Yahya Sinouar who organized the catastrophe that befell us. And what to do with national honor? Not a contemptible honor of boasting macho people, or a feigned honor of a victory of an athlete or a singer.

This honor for which the heroes of the Maccabim fought against the Greeks, the resistance fighters of the Warsaw ghetto, the founders of the State, who gave their lives so that every Jew could live in Eretz Israel and raise their children there in respect and safety. National honor, hostages and security will only return if we defeat the cruel enemy. Victory requires the capitulation of the enemy. Not through negotiations. An enemy who capitulates surrenders or is eliminated. He does not lead negotiations. Nazi Germany capitulated to the Allies at the end of the war, it did not carry out negotiations.

I am speaking to our leaders, this is the time for you to show courage. The people of Israel are behind you, the army is in front of you ready to carry out orders. Do not stop until total and unequivocal victory. Our soldiers demonstrate extraordinary heroism against Hamas, you must be strong against the world, against hostile leaders who demonstrate hypocritical morality and against those who define themselves as our friends, a real or feigned friendship .

We must not let them force us to bring gasoline into the Gaza Strip and thus delay military victory, by making a false distinction between terrorists and “innocents”. There are almost no “innocent” citizens there. The soldiers said that in all the houses they entered, they found weapons, bombs, grenades among the children’s toys, under the cots. In the books on the shelves, they are taught to kill Jews and praise the murderers.

The pain that a parent experience knowing his chid held hostage in the hands of cruel jailers who perhaps torture him, the pain of a parent who is torn by loss and who does not know if his son will return, if he will see him again one day is huge. I haven’t experienced this pain, but I can imagine it.

The pain I know, is the one of a father whose heart is broken by loss and who knows with certainty that he will never see his son again. I don’t know which pain is more difficult, but the gap is not great. What wouldn’t I give to bring my son Eitan back to life? I would give everything I have. I would give my life for his. But there is one thing I would not be willing to give to bring my beloved Eitan back to life: that is the life of another Jew.” David Fisch