Il y a une grande place à Tel aviv qui a été renommée la place des otages. Toutes les familles dont un proche a été kidnappé s’y retrouvent. Cela se trouve non loin de la Kirya, le nom donné au complexe de l’état major de l’armée. Hier soir la place était pleine toute la nuit, pour marquer les 100 jours de la guerre. Des anonymes, des artistes, des politiques; malgré la pluie, ils s’y sont tous rendus quelques instants pour montrer leur soutien aux familles. Un podium a été installé, certains ont parlé, certains ont chanté, ils se sont succédés les uns après les autres toute la nuit et cela a été retransmis en direct à la télé. Bien au sec chez moi, j’ai regardé un petit peu.

Ce matin les filles devaient sortir pratiquement à la même heure, je devais en déposer une à la gare, celle dont je ne sais même pas où se trouve sa base et la deuxième à sa base même, qui n’a rien de secret. Quand elles sont toutes les deux à la maison, cela signifie deux armes de combats sous le même toit, des fusils d’assauts pour être plus précis, et il y a des règles de sécurité très précises à respecter.Les armes doivent être partiellement démontées et chaque partie cachée dans un endroit doublement sécurisé, c’est à dire derrière deux serrures. Par exemple la serrure d’une chambre ou d’une armoire et la serrure de la maison.

Si on doit tous sortir et que personne ne reste à la maison, par précaution elles sortiront avec leurs armes, c’est lourd, encombrant mais elles n’ont pas le choix. De même si je reçois du monde à la maison et qu’elles doivent sortir, elles préfèreront prendre leurs fusils avec elles. Voila la source des photos d’Israël que l’on voit parfois, de très jeunes femmes, en tenue civile, avec une arme de guerre à l’épaule…Depuis le début de la guerre, l’armée recommande d’ailleurs à tous les soldats en permission de sortir avec leurs armes.

Ce matin tous leur sacs étaient prêts mais on a pris du retard car remonter leur fusil prend du temps et beaucoup de concentration. J’ai donc déposé celle qui avait un train à prendre en premier et je suis ensuite retournée chercher la deuxième. En route, on s’est arrêté prendre deux cafés à emporter qui nous ont gracieusement été offerts par la patronne qui est tombée sous le charme de ma fille en tenue militaire. Nous avons ensuite roulé sous une pluie torrentielle qui s’est miraculeusement arrêtée à l’instant où nous sommes arrivés. Le retour s’est également fait sous la pluie, qui tombait si fortement que j’avais du mal à écouter la radio.

Le reste de la journée était triste, tous les commerces ont fermé durant 100 minutes afin de penser aux otages. Mais c’est surtout cette pluie qui nous a fait pensé aux otages, quand on connait les conditions très difficiles dans lesquelles ils tentent de survivre. En hébreu l’expression utilisée pour les décrire est “des conditions qui ne sont pas des conditions” c’est à dire qui sont en dessous de tout, inexistantes.

Nous pensons aussi constamment à nos soldats, mais plus particulièrement aujourd’hui, car la pluie dans cette région du monde est synonyme de boue et la boue ce n’est pas, que de l’eau de pluie sale, c’est du ciment qui s’agglomère sur tout ce que cela touche; les chaussures, les roues des véhicules, les mains, plus on veut s’en débarrasser et plus elle se colle. Les véhicules s”enlisent, les hommes ne peuvent par marcher, un bourbier, dans le vrai sens du terme… La pluie qui en temps normal est vue comme une bénédiction, aujourd’hui nous prions pour qu’elle cesse.

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There is a large square in Tel Aviv that has been renamed Hostage Square. All families whose loved ones have been kidnapped meet there. This is not far from Kirya, the name given to the army headquarters complex. Yesterday evening the square was full all night, to mark 100 days of the war. Anonymous people, artists, politicians; despite the rain, they all went there for a few moments to show their support for the families. A podium was set up, some spoke, some sang, they followed one after the other all night and it was broadcast live on TV. Safe and dry at home, I looked around for a bit.

This morning the girls had to leave at almost the same time, I had to drop one off at the train station, the one whose base location is unknown to us and the second, at her base itself, which location is no secret. When they are both at home, that means two combat weapons under the same roof, assault rifles to be more precise, and there are very specific safety rules to follow. The weapons must be partially dismantled and each part hidden in a doubly secure place, that is to say behind two locks. For example the lock of a room or a wardrobe and the lock of the house.

If we all have to go out and no one stays at home, as a precaution, they will go out with their weapons, it’s heavy, cumbersome but they have no choice. Likewise, if I have people over at home and they have to go out, they will prefer to take their rifles with them. That is why we see sometimes, pictures from Israel showing, very young women, in civilian clothes, with a rifle on their shoulder…Since the start of the war, the army has also recommended to all soldiers on leave to go out with their weapons.

This morning all their bags were ready but we were late because putting their rifle back together takes time and a lot of concentration. So I dropped off the one who had a train to catch first and then went back to pick up the second one. On the way, we stopped for two takeaway coffees which were graciously offered to us by the owner who fell under the charm of my daughter in military uniform. We then drove through torrential rain which miraculously stopped the moment we arrived. The return trip was also in the rain, which fell so heavily that I had difficulty listening to the radio.

The rest of the day was sad, all the businesses closed for 100 minutes to think about the hostages. But it was especially this rain that made us think of the hostages, when we know the very difficult conditions in which they try to survive. In Hebrew the expression used to describe these conditions is “conditions which are not conditions” that is to say which are below everything, non-existent.

We also constantly think of our soldiers, but especially today, because rain in this part of the world means mud and mud is not just dirty rainwater, it is heavy cement which agglomerates on everything it touches; shoes, vehicle wheels, hands, the more we want to get rid of it, the more it sticks. Vehicles get bogged down, men cannot walk, a quagmire, in the truest sense of the word… The rain which in normal times is seen as a blessing, today we pray for it to stop.

2 Replies to “14 Jan / Jan 14, 2024”

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