Si je n’ai pas parlé de mes filles depuis quelques temps c’est que j’étais tout simplement sans nouvelles d’elles jusqu’à hier matin. La plus âgée de mes soldates a enfin pu m’appeler, elle va bien; beaucoup d’entraînement toute la semaine avec son chien et elle espère pouvoir sortir ce week-end. Puis en fin d’après-midi j’apprends la nouvelle d’une attaque sur des troupes militaires qui aurait causé des dizaines de morts. Cela m’a replongé dans l’horreur du 7 oct.

Ils ne savent pas encore exactement combien de soldats sont morts, mais ils ont l’impression qu’il y en a beaucoup, vu le bruit de l’explosion et le déploiement de troupes de secours vers le lieu où cela c’est produit. Je suis effondrée, biensûre ce sont des choses qui arrivent en temps de guerre, mais on ne s’habitue pas. Je suis assise sur mon canapé, prostrée. Le processus d’identification des victimes va prendre sûrement toute le nuit et je pense au malheur qui va venir s’abattre dans quelques heures sur toutes ces familles. C’est terrible.

Je reçois ensuite une autre nouvelle beaucoup moins triste, mon frère et ma fille, qui est arrivée aves les unités de secours, ce sont vus. C’est la première fois depuis le début de la guerre qu’ils se retrouvent ensembles, j’imagine que dans de pareilles circonstances, voir un visage familier est réconfortant. Ma fille survit en automate cette guerre, elle se ferme à tout sentimentalisme. Mais voir son oncle l’a surprise, elle n’y était pas préparée et elle s’est mise à pleurer d’émotions.

Ils ont pu passer du temps ensemble car elle a dû attendre un long moment avant de pouvoir rentrer avec son chien. Il fallait dans un premier temps éteindre l’incendie causé par l’explosion. L’endroit où l’explosion a eu lieu n’était pas très loin, à peine à 650m de la frontière. Le travail de recherche (d’armes et de tunnels) était fini, les explosifs étaient en place, les tanks protégeaient les lieux et les soldats se préparaient à quitter l’emplacement quand deux tirs anti-char, l’un dirigé sur un tank et l’autre sur une des maisons, ont déclenché l’explosion.

On en parle pas beaucoup, mais tous les jours des dizaines d’attaques de ce genre sont évitées. L’armée, n’a pas le droit à l’erreur. Le moindre faux pas peut être fatale. Nous l’avons vu le 7 octobre et nous le voyons encore tous les jours.

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If I haven’t talked about my daughters for some time it’s because I simply hadn’t heard from them until yesterday morning. The oldest of my soldiers was finally able to call me, she is fine; lots of training all week with her dog and she’s hoping to get out this weekend. Then at the end of the afternoon I heard the news of an attack on military troops which would have caused dozens of deaths. It took me back to the horror of October 7th.

They don’t yet know exactly how many soldiers died, but they have the impression that there are many, given the sound of the explosion and the deployment of relief troops to the site where it happened. I’m devastated, of course these are things that happen in times of war, but you don’t get used to it. I’m sitting on my couch, prostrate. The process of identifying the victims will surely take all night and I think of the misfortune that will befall all these families in a few hours. It’s terrible.

I then receive another piece of news, not sad at all, my brother and my daughter, who arrived with the rescue units, have seen each other. This is the first time since the start of the war that they have been together, I imagine that in such circumstances, seeing a familiar face is comforting. My daughter survives this war like an automaton, she closes herself off from all sentimentalism. But seeing her uncle surprised her, she wasn’t prepared for it and she started crying with emotion.

They were able to spend time together because she had to wait a long time before she could come home with her dog. The first step was to extinguish the fire caused by the explosion. The place where the explosion took place was not very far, barely 650m from the border. The search work (for weapons and tunnels) was finished, the explosives were in place, the tanks were protecting the scene and the soldiers were preparing to leave the location when two anti-tank shots, one directed at a tank and the other on one of the houses, triggered the explosion.

We don’t talk about it much, but every day dozens of attacks of this kind are prevented. The army has no room for error. The slightest misstep can be fatal. We saw it on oct 7th and we still see it everyday.