Quelques mises au point sur différents sujets dont j’ai parlé la semaine passée. Les Etats-unis réagissent enfin, plus de 80 frappes en Syrie et en Irak sur des milices pro-iraniennes en réaction à l’attaque qui a tué 3 de leurs soldats. On attend toujours la réponse du Hamas concernant l’accord sur la libération des otages. La représentation du Hamas qui devait arriver au Caire se fait attendre. On devrait suspendre l’aide humanitaire à Gaza pour les forcer à se bouger un peu. Concernant nos soldats, ils rentrent à la maison pour une grande majorité d’entres eux.

Pour les réservistes c’était bien plus facile d’entrer sur le champ de bataille que d’en sortir. Ils ont été tellement mobilisés dans leur chair, ils se sont émotionnellement tellement investis que le retour à la vie normale est bien plus difficile que leur départ ne l’a été. Il ne sont pas tous rentrés chez eux d’ailleurs, mon frère par exemple et son unité sont encore là-bas.

Mais ceux qui sont de retour ont beaucoup de mal à reprendre une routine dans leur vie civile. Ils se sentent comme des poissons hors de l’eau; ils ont vécu plusieurs mois sous montée continue d’adrénaline et le calme, l’inaction, les perturbent. Ils ont envie d’y retourner, ils ne pensent qu’à cela. Ils sont physiquement à la maison mais leur esprit est là-bas, . Ils pensent à ceux qui continuent à se battre et ils pensent à leurs frères d’armes qui sont tombés au combat. Ils ont laissé une famille pour en trouver une autre; encore plus grande, l’armée.

Ce soir j’ai regardé à la télévision une interview du papa de la petite Emily, qui avait été kidnappée le 7 oct et libérée après plus de 50 jours. Il a parlé avec beaucoup d’émotions de son enfant et des difficultés qu’elle traverse dans la vie de tous les jours, la peur et l’angoisse qui reviennent par vague. La petite Emily a été durant toute sa captivité avec Itay l’un des derniers otages tués par le Hamas. Un vidéo de lui avait été diffusée par le Hamas; on y voyait trois otages, dont Itay, qui s’adressaient chacun leur tour au gouvernement israélien et ensuite on pouvait voir leur cadavres.

La petite Emily n’a bien entendu pas vu cette vidéo mais elle n’y croit pas et elle demande à son papa de ne pas y croire non plus, “ils ne font que mentir” lui dit-elle. Elle ne prononce jamais le mot Hamas. Son papa nous montre une feuille qu’Emily a écrite; avec comme titre “mon dico”. Il ya des mots qu’elle ne peut plus et ne veut plus sortir de sa bouche, elle a donc trouvé d’autres mots pour les remplacer. Dans le dictionnaire d’Emily, le mot “Gaza” est remplacé par le mot “boite”, “Hamas” par “Bamba” (“Bamba”, ce sont des cacahuètes soufflées qu’elle n’aime pas manger) et le mot terroriste est quant à lui remplacé par le mot “olive”, car elle a horreur des olives.

La petite Emily survit dignement tous les drames de sa jeune vie, elle avait deux ans quand sa maman est morte d’un cancer, son papa s’est remarié ensuite et le 7 oct c’est sa deuxième maman Narkisse qui a été assassinée. Le traumatisme est grand, sa maman biologique est enterrée au cimetière du Kibboutz Béeri, Narkisse le sera aussi et dès qu’ils le pourront ils retourneront y vivre, au Kibboutz . Du moins c’est que ce que son papa espère et voudrait, il finit son interview ainsi, “si nous ne retournons pas à Béeri, ils auront gagné”.

————– —————- ————— ——————–

Some updates on different topics I talked about last week. The United States finally reacts, more than 80 strikes in Syria and Iraq on pro-Iranian militias in reaction to the attack which killed 3 of their soldiers in Jordan. We are still awaiting Hamas’ response regarding the agreement on the release of the hostages. The Hamas representation which was to arrive in Cairo is long overdue. We should suspend humanitarian aid to Gaza to force them to move a little. Concerning our soldiers, the vast majority of them are coming home.

For reservists it was much easier to enter the battlefield than to leave it. They have been so mobilized in their flesh, they have been so emotionally invested that the return to normal life is much more difficult than their departure was. They haven’t all returned home anyway, my brother for example and his unit are still there.

But those who have returned find it very difficult to return to a routine in their civilian lives. They feel like fish out of water; they have lived for several months under a continuous surge of adrenaline and the calm, the inaction, disturbs them. They want to go back, that’s all they think about. They are physically at home but their spirit is there. They think of those who continue to fight and they think of their brothers in arms who have fallen in battle. They left one family to find another; even bigger, the army.

This evening I watched an interview on television with little Emily’s dad, who was kidnapped on October 7 and released after more than 50 days. He spoke with great emotion about his child and the difficulties she goes through in everyday life, the fear and anxiety that comes back in waves. Little Emily was, throughout her captivity with Itay, one of the last hostages killed by Hamas. A video of him was released by Hamas; we saw three hostages, including Itay, who each took turns addressing the Israeli government and then we could see their corpses.

Little Emily has of course not seen this video but she doesn’t believe it and she asks her dad not to believe it either, “they’re just lying” she tells him. She never says the word Hamas. Her dad shows us a sheet of paper that Emily wrote; with the title “my dictionary”. There are words that she can no longer and does not want to come out of her mouth, so she has found other words to replace them. In Emily’s dictionary, the word “Gaza” is replaced by the word “box”, “Hamas” by “Bamba” (“Bamba”, these are puffed peanuts that she doesn’t like to eat) and the word terrorist is replaced by the word “olive”, because she hates olives. And there are more of them..

Little Emily survived with dignity all the tragedies of her young life, she was two years old when her mother died of cancer, her father then remarried and on October 7 it was her second mother Narkisse who was murdered. The trauma is great, his biological mother is buried in the cemetery of Kibbutz Béeri, Narkisse will be too and as soon as they can they will return to live there, in Kibbutz Béeri. At least that’s what his dad hopes and would like, he ends his interview like this, “if we don’t return to Beeri, they will have won and we won’t let that happen.”

One Reply to “3 Fev / Fev 3, 2024”

Comments are closed.